A Maurepas, c'est aux fenêtres d'un salon de thé qu'ils affichent l'étendard aux trois lunes et au coyote.
Et les moustachus paradent devant le kebab. Comme aux origines. Quand Maurepas était une ville gallo-romaine, où les indigènes n'avaient pas peur d'afficher leurs bacchantes comme matérialisation imaginée de leur résistance à l'occupation. Occupation romaine, occupation teutonne, en 1940 voire en 1914, personnalisée dans La Grande Illusion par l'élégance d'Erich von Stroheim, aristocrate acteur mort en 1957 dans cette petite cité des Yvelines. Petite, car à cette époque, elle ne comptait à peine 300 âmes. 20 ans plus tard, Maurepas est devenue une cité-dortoir de presque 20.000 habitants.
Dès que ça flaire une ripaille
De morts sur un champ de bataille
Dès que la peur hante les rues
Les loups s’en viennent la nuit venue…
Vers 1790, enfin, le village s'émancipe sous la houlette de son premier maire, le curé Jean-François Dandrieux. S'en suit 182 années d'autonomie discrète. Les 200 habitants de Maurepas vivent de peu, cachés, presque oubliés du monde et pourtant si proches du tropisme parisiens. Douce époque, où les maurepasiens maîtrisent enfin leur destinée, en toute quiétude, gouvernés par des échevins bonshommes, loin des embrouilles politiques nationales. Maurepas, libre et indépendante !
Mais voilà qu'en 1972, le monde rattrape ce petit-pays. Happée par la communauté d'agglomération de Saint-Quentin-en-Yvelines, Maurepas champignonne en une cité populeuse. Il fallait un conseiller en communication pour comprendre en 1983 que le petit village d'antan avait vendu son âme aux sirènes du jeunisme. Jean-Louis Levet, maire RPR de la commune, décide de quitter la ville nouvelle. Et Maurepas retrouve depuis sa fierté et son indépendance. Le centre commercial Pariwest fait même de la commune un pôle d'attraction local, des Rambollitains et des Trappistes s'y rendant quotidiennement pour y faire leurs commissions.Le ciel redevenait sauvage,
Le béton bouffait l’paysage…
C'est là, à Pariwest, autour d'une table mal éclairée du Flunch, que j'ai compris pourquoi le destin (matérialisé par la fonction aléatoire d'Excel) nous a envoyé, cette froide journée de décembre, à Maurepas. Nasty Salmon revenait avec sa septième assiette de légumes à volonté et Vinjo dégustait un somptueux plateau fromage. Moi, 2de classe Capdevielle, moi qui était le plus fier, je sabrais une bouteille de cidre pour fêter la première année de l'expérience IdfAX. En effet, un an d'aventures, un an de découvertes étaient ce jour là incarnés par cette cité francilienne. Une commune à mi-chemin entre le hameaux et la banlieue, tournée vers Paris mais ancrée dans un terroir. Un village de béton et son centre commercial cerné de fermes médiévales. Une ville à l'histoire soumise et rebelle. Une cité qui regrette ses moustiques et craint les loups.
Attirés par l’odeur du sang
Il en vint des mille et des cents
Faire carouss’, liesse et bombance
Dans ce foutu pays de France
Jusqu’à c’que les hommes aient retrouvé
L’amour et la fraternité….