dimanche 6 février 2011

De l'effet frontière en Île de France : Saint-Cyr-sous-Dourdan, entre rupture sociale et continuité historique

A l'observateur perspicace de la Petite France, il n'aura pas échappé que bien souvent les limites entre deux départements peuvent sembler illusoires, artificielles, comme tracées par la main d'un fonctionnaire étourdi voire, au mieux, désintéressé. Pour autant, le trait discontinu qui sépare sur les cartes administratives les Yvelines de l'Essonne ne nous a jamais semblé aussi matériel que lors de cette visite à Saint-Cyr-sous-Dourdan.

Mais tout d'abord, prenons le temps de découvrir ensemble cette commune de 1002 habitants. Depuis Bourg-la-Reine, suivons le cours de l'Aquitaine, la route nationale 20. Avant Arpajon, empruntons la D27, petite route de charmante qui serpente le long de la rousse Rémarde. Le voyageur prendra alors le temps d'admirer les paysages mirifiques de l'Hurepoix en traversant les Grands Bois du Marais ou les brouillards du Val-Saint-Germain.

Le château du Marais sur la D27

Après ce plaisant voyage, nous entrons dans notre commune du jour, Saint-Cyr-sous-Dourdan. Délicieuse ambiance médiévale. Des fermes fortifiées, comme celle des Tourelles, le vieux château classé de Bandeville, mais surtout, l'église Saint-Cyr-et-Sainte-Juliette.

La ferme des Tourelles

L'église classée de Saint-Cyr-Sous-Dourdan

A Saint-Cyr, il n'est pas rare que les quinquagénaires soient pris d'une douce mélancolie. Des images, mirages subliminaux, persistent sur leur rétine. Un poney qui galope follement, un gai bambin de 6 ans qui louche en bavant, une école dépoussiérée qui sent bon l'encre et le buvard... Et oui, Saint-Cyr est le lieu du tournage du fameux feuilleton des années 1960, diffusé sur l'ORTF, Polly et le mystère du château.


Décidément, les voies de l'AX semblent impénétrables. Après le petit village de Boutigny, en Seine-et-Marne, où un parcours est dédiée aux amateurs de cycles crottés, Saint-Cyr témoigne à nouveau de l'art de vivre à la francilienne, où BMX et grande musique trouvent un terrain d'entente :



Et donc à Saint-Cyr, enfin juste à côté, serpente la frontière entre les Yvelines et l'Essonne. Cette limite imaginée se matérialise dans les deux-fois quatre voies de l'autoroute A10. Deux mondes s'y toisent sans jamais se mélanger. La bourgeoisie laborieuse des Yvelines jette un regard condescendant sur le prolétariat des assistés de l'Essonne. Si parfois elle consent à traverser l'Aquitaine, c'est pour se rendre à Saint-Cyr, ou dans une quelconque autre poche de résistance des friqués dans la vallée de la Rémarde. Saint-Cyr est donc une ville d'histoire, qui s'inscrit dans la continuité de celle de l'Hurepoix (pour rappel, ce nom signifie peut-être "la contrée des gens aux poils hérissés") essonnienne, des grandes heures du biclou et des feuilletons de l'ORTF. Elle s'inscrit pourtant aujourd'hui comme un avant-poste des Yvelines, peuplé de cadres sup adeptes du retour à la terre en restant à moins de 25 minutes de Paris. Saint-Cyr, entre une colonie yvelinoise et un terroir essonnien.

2 commentaires:

  1. Le 2de Classe est doué en lyrisme et en digressions mais a quelques lacunes en routes nationales. Chacun aura rectifié : la N20 n'est pas l'Aquitaine, nom donné à l'A10.

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  2. Errare humanum est. Je tiens à préciser que l'Aquitaine dont il est fait mention à la fin de ce billet et bel et bien l'A10. Aquitania, mea culpa !

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