lundi 28 mars 2016

Saclay vint Dieu

Parfois les signes sont évidents, mais personne n’est là pour les interpréter correctement. C’est ce qui s’est passé ce dimanche. Ce n’est qu’à tête reposée, que j’ai vraiment pris conscience de ce qui nous était arrivé en ce weekend pascal. Nulle part il n’était écrit que l’idfax renaîtrait de ces cendres, et bien peu nombreux étaient ceux qui auraient pu prédire que cela se passerait le jour d’une autre Résurrection.

Nous sommes en 2016 aujourd’hui, bientôt quatre ans après la dernière note de ce blog. Depuis 2012, beaucoup de choses ont changé. Ainsi, Nicolas Sarkozy, Jean-Luc Mélenchon et Nicolas Dupont-Aignan sont candidats à l’élection présidentielle, les jeunes s’échangent des nudes sur Snapchat, tout récit dépassant les 140 caractères est jugé aussi passionnant que les Pages Jaunes, et l’AX est devenue Xsara, break. Tant qu’il y a des chevrons.

A l’heure de l’appel ce matin-là, outre le fier véhicule qui nous mena à Villeconin, à Limeil-Brevannes ou à Boutigny, manquait également son plus élégant conducteur, Vinjo, histrion délaissant le septentrion, appelé à une vie moins francilienne. Restaient donc, en plus de votre serviteur, le 2de classe Capdevielle et laBotte. A cette joyeuse équipe s’est greffé le fils de ces deux derniers. Son prénom ne sera pas divulgué ici car il est encore mineur pour au moins quelques années, et de nos jours, l’on se soucie de ce genre de choses ; sachez seulement que son prénom est l’anagramme de la fête de la Nativité célébrée le 25 décembre, et qu’un tel destin en fait immanquablement le véritable héros inattendu de cette aventure mystique.


Et c'est parti pour de nouvelles aventures, Milou !
Et c’est donc à Saclay, en Essonne que nous conduit le hasard. Saclay et son église Saint-Germain, édifice du Moyen-Âge où l’on fêtait la Renaissance du Christ. Intrigués par, mais respectueux et soucieux de ne pas déranger les chants liturgiques émanants du bâtiment, nous partîmes à la découverte de la commune. Si elle osait, la laideur banlieusarde périurbaine le disputerait sans doute au vide et à l’ennui dominical pavillonnaire, et alors il se passerait quelque chose. Mais elle n’ose pas, ici on ne se dispute pas, et c’est moche, et on s’emmerde. Comme si tout était fait pour nous ramener vers la Maison de Dieu, car c’est une toute autre beauté qui devait nous saisir ce jour-là.

Si vous n'avez pas l'intention de visiter Saclay, voici le principal point d'intérêt du bourg. C'est une boîte aux lettres.

Alors qu’il avait pris son père pour Saint-Christophe et paradait sur ses épaules, notre jeune héros fut frappé en entrant dans ce lieu saint pourtant minimaliste. Lui qui d’habitude ne mâche pas ses mots restait comme interdit, ébahi, interloqué, il venait comme nous de recevoir la nouvelle de la confirmation de la résurrection de Jésus, mais comme il n’a que 2 ans, peut-être y a-t-il cru. A la fin de la messe, tout le monde se serre la main en disant « Paix du Christ », et cela peut parfois poser problème, par exemple en cas d’épidémie de fièvre Ebola.


un selfie de Jésus avec Saint-Christophe, pour les impies qui n'auraient pas capté la référence

En un coup de volant, nous voici au hameau Le Christ-de-Saclay. Ce n’est pas le hasard mais bien la main divine qui guide nos pas. Je m’agenouille devant un JC désormais ressuscité, et là comprends que la fille aînée de l’Eglise nous a fait une sacrée crise d'adolescence. Ce qui fut jadis un Jésus glorieux trônant au milieu d’un carrefour à l’allure noble, n’est plus aujourd’hui qu’un vulgaire badaud en bois, goguenard et dépenaillé, crucifié caché des regards sur la bretelle d’un rond-point anonyme de l’Ile-de-France que seule une connaissance wikipédiesque de la région nous permet de ne pas manquer et d'apprécier à sa juste valeur.
Le fameux Christ de Saclay, on ne vous avait pas menti...

Tellement mécréants que nous sommes honnis de Saint-Jacques de Compostelle à Raqqa, nous n’avons pas mangé le corps du Christ lors de l’épisode de la messe et mourrions de faim. Le chef lieu de canton, GIF-sur-Yvette, commune un peu plus animée (vous remercierez le jeune Capdevielle pour cette blague) nous permit de nous restaurer. Et de constater que c’était désormais une certitude, notre jeune héros était habité. Après avoir fait plusieurs fois le tour d’une aire de jeu comme les fidèles chiites se meuvent en sanglotant en cercle autour du tombeau de l’imam Reza à Mashhad, après s’être saisi d’un bâton de bois et en avoir frappé frénétiquement une pierre coupable d’avoir été là, répétant et criant « la petite fille, la petite fille ! », dans une dramaturgie digne des célébrations de l’Achoura à Kerbala, après les cris et les pleurs, le doute n’était plus permis.

A deux doigts d’appeler un exorciste, nous n’en eûmes finalement pas besoin, car une fois le jeune garçon apaisé, et allongé à moitié nu, déculotté, dans le coffre de la Citroën Xsara, nous nous rendîmes compte qu’il avait, en fait, fini par expulser le Sheitan par les voies naturelles.

mercredi 21 novembre 2012

Aux raisons funèbres


Il faut bien dire que sa fin de vie fut pénible. Mutilée puis emboutie. Une passion bien sanglante pour celle qui durant de longues années nous gâta de sa pétuosité flegmatique et d'une fidélité à toute épreuve. Fidélité diablement louche. Qui ne s'est demandé comment elle pouvait ainsi continuer aux âges canoniques à gaillardement crapahuter dans les virevoltants lacets des cols bas-navarrais ? Personne ne se souvient avoir jamais jeté un regard indiscret sous son capot. Ne serait-ce que pour y faire les niveaux. Non. On la savait mue d'une autre force, de celle qui bâtit les pyramides ou fait frémir les sabres lasers. Peu gourmande, je ne me souviens pas l'avoir déjà vu réclamer son cocktail d’alcanes, de cycloalcanes, d'alcènes ou d’hydrocarbures aromatiques, sauf peut-être en temps de pénuries, sous la neige et la sape psychologique d'une fièvre arménienne à la conscience professionnelle aiguë.

Cette fidélité elle la manifesta encore dans sa relation décennale avec Vinjo. Love at first sight. Sur la Plaza Andrès Molinero, cœur historique de Bordeos, capitale d'une quelconque république bananière boursoufflée par la corruption et le mauvais alcool. Le jeune Vinjo, un duvet trublion à la commissure de ses lèvres, trench coat impeccable sur son tweed beige, pantalon de velours brun, était bien heureux. Son "diplôme d'aptitude générale à la conduite automobile" dans sa poche vide car délestée de quelques pesos ayant servi à rémunéré le fonctionnaire sous-payé qui délivre ce papelito rosé, l'éphèbe a pu poser ses mains moites sur l'arrondi du volant de l'AX.

On se souvient tous de notre première fois. Moi c'était un break, un station wagon comme on dit au pays de Skippy. Mais je me rappelle encore bien de quelque flirts précédents : un Land Rover ou une 405. Bref j'ai toujours été attiré par les gros châssis. En tout cas je me souviens clairement de cette peur au contact du faux skaï du volant. Cette sensation de grandir, un peu, et surtout cette fébrilité dans mes mouvements, cette envie de le saisir du bout des doigts... Est-ce que c'est la peur de blesser, de tuer, soi ou un autre ? Peut-être est-ce plutôt la valeur de cet objet, la peur de casser ? L'argent, pour nous, les modestes, nous immobilisant beaucoup plus que la crainte de la mort.

Pour ma part, je pense que ça a plus à voir avec un rite de passage. Plus important que le bac ou d'autres. On devient un conducteur. Le mec sérieux, qui respecte ou pas un code (celui de Rousseau - patronyme qui prédispose à la morale), mais toujours sûr de lui. Celui qui a le droit de dire à l'éternel passager, l'apôtre du pedibus, le parasite de la tractolocomotion : "Ah ouais connard, tu veux que je te transporte alors que t'as même pas ton permis ! Bein va derrière entre le siège pour bébé et le panier du chien." Ou encore : "Ah ouais connard, tu veux qu'on parte en vacances en caisse alors que t'as pas ton permis ! Tu peux toujours rêver, on va prendre le bus." Bref un mec qui a le droit de commencer toute ses phrases par "Ah ouais connard".

J'ai longtemps résisté à devenir une de ces pauvres types. Aujourd'hui je roule comme les autres. Et comme les autres je m’emboucane dans les capillarités urbaines. Hurlant mon mépris de la liberté à ceux qui ne respectent pas la ligne blanche, celle des gens biens. "Ah ouais connard de cycliste ! A ouais connard de gamin ! Ah ouais connard de connard !". Tétanisé par sa propre importance, le conducteur responsable perd toute capacité à imaginer. A la fin, il ne reste plus que le connard, voire moins encore.

Sauf parfois. De chaudes journées d'été, lorsque je suis pris dans une confiture de circulation apportant son effort quotidien à la production globale de degrés supplémentaires, l'engourdissement me saisi. Mes paupières mi-closes, la sueur affleurant mes tempes, pieds nus et cuisses écartées. Je n'ose plus saisir le volant que d'un doigt ou deux - comme la première fois - et, entre les images forestières ou érotiques se strombinoscopant dans mon esprit apaisé, l'AX revient.

Au départ ce n'est que la sensation de précarité, l'impression que la portière va s'ouvrir, la ceinture se déchirer, le toit s'envoler... Sans pour autant que cela ne représente une quelconque menace. Soudain, une voix s'exclame : "Clarinetti !". La musique m'emporte, par delà mers et continents, jusqu'entre Seine et Marne. Ensuite, seulement, viennent les images. Un drapeau syldave, comme le signe d'un destin prométhéen ; un fanion où le marine s'éprend de maximes anarchistes ; quelques cadavres jonchent le sols, témoins gênants d'antiques orgies. Sa carlingue me revient à l'esprit, son doux regard légèrement plongeant, et au milieu, comme susurré entre des lèvres invisibles, une farouche revendication de territorialité : "MY33".

Malgré ce régionalisme quasi-inné, c'est le monde que nous a fait découvrir l'AX. L'idée de prendre la route ne nous venait pas à l'esprit, nous prenions la route car elle était là. Que faire d'autre. Un tel encombrement impliquait de l'utiliser. Sinon quel intérêt. Alors sans se soucier des raisons et des destinations, nous sommes partis à la rencontre du monde des autres, ceux qui ne sont pas nos amis, ni nos collègues. Ceux qui ne sont pas de notre famille ni de notre village et qui ne fréquentent surtout pas les mêmes lieux de vacances. Le jeune Polly, Maître Georges, José, Henri Forgeard, le père noël, Christian et Orion, Kimbo le bienveillant, le roi centaure et surtout toute l'équipe du bar la Belle Epoque. Autant d'amis réels et imaginaires, oubliés par nous mais retrouvés par l'AX.

Alors forcément je me dis que l'AX nous a rendu moins con. Au moins un peu. Et quand je la vois, dans une autre de mes transes, pliée sur cette benoîte place André Meunier d'une quelconque ville qui pète plus haut que son cul du duché de Guyenne, ce sont mes tripes qui se crispent. Finalement, c'est peut-être elle qui a décidé. Pourquoi crever à petit feu, après maints aller-retours chez le rebouteux pour voiture. Vieillir et voir les autres perdre confiance en soi. Rien n'aurait été plus terrible que de se dire avant de partir pour Cadix :"Tu crois qu'elle va tenir le coup ?". Non jamais. Autant se jeter sous les roues d'une grosse berline allemande, sur le lieu même de son dernier coup de foudre. Finir en martyre de la route plutôt qu'en épave au fond du jardin, en mode la tire à Dédé. Et puis mourir heureuse de voir le gros con qui t'a embouti s'écrier en agitant ses doigts boursouflés : "Ah [ouais] connard !"

Je reviens à moi, toujours endolori mais bien éveillé, toujours au cœur du bouchon. Je passe la vitesse et je prends la première sortie. Dans des rues inconnues, j'avance à l'aveugle, je sais que l'orée n'est pas loin. Elle s'avance enfin dénuée de tout bâtiment inutile, nue dans la campagne, serpentant vers l'horizon, celle que l'AX m'a appris à connaître et à prendre comme maîtresse. La route m'emmène dans une forêt. Je m'arrête, je sors, je me demande si les eucalyptus ressemblent plus au cresson de fontaine ou au cresson des près. Des kangourous me regardent, intrigués. Je remonte et arrive à destination. Un pub crasseux, une statue en métal rouillé, quelques bières. Je ne retournerai pas travailler.



dimanche 6 mars 2011

Au royaume du Roi Centaure (ni grand ni sec)


Par une de ces belles et rares journées de février, quand le soleil timide se décide à montrer son nez, l'équipe de l'IDFAX, nonobstant l'appel des terrasses et de la bronzette, décida de partir pour de nouvelles aventures. En son sein apparaissait un nouveau membre, votre serviteur, fière de pouvoir enfin s'asseoir sur les sièges d'une AX tant rêvée.

Le hasard d'Excel avait été tendre avec l'équipe. Connaissant notre amour pour les Yvelines, il nous envoya dans un de ses villages les plus chics, Noisy-le-Roi.

Les amis Toubab et Cap de vieille avaient apporté la bière, et notre gascon Vinjo la promesse d'une statue d'homme cheval.


"Une vigie hybride et symbolique"
D'après nos sources, "Serge Manceau a réalisé cet hybride d'homme et de cheval, dont l'une des particularités est d'être sans tête. Son buste humain et ses pattes et croupe chevaline veillent désormais sur le Rond-Point des Chênes. Il symbolise la fusion de la partie ancienne de Noisy-le-Roi avec le quartier du Parc. Son inauguration a célébré l'achèvement des travaux de ce quartier."


Tout semblait donc annoncer une expédition réussie...

Hélas, que d'embûches semèrent notre route!
Nous traversâmes tout d'abord Versailles l'infâme, qui, sous prétexte d'avoir un château "connu", se soucie peu du visage dépressif de ses rues. Nous quittâmes rapidement le Roi Soleil, et filâmes vers le Roi Centaure (et sans-tête).

Enfin nous arrivâmes à Noisy-le-Roi. Après la photo réglementaire, nous sautâmes dans l'AX, en quête de l'homme cheval.


Noisy-le-Roi, ville de ronds-points

Demandant notre chemin vers la statue bénie à un passant (au passage très cordial), celui-ci nous assomma d'une funeste nouvelle : la statue de l'homme cheval n'était plus. Un voyou et ses comparses avaient, il y a un an, mutilé le fier totem. Grande fût notre peine, et c'est d'un pneu résolu que nous roulâmes jusqu'aux restes du défunt homme équidé, pour lui démontrer respect, et amitié.

Alors oui, forcément, le reste était beaucoup moins intéressant. Un village chic, des gens heureux, des enfants méfiants, les restes d'une forteresse dont on devine bien d'après les photos qu'elle dût être gigantesque :


Et enfin la fameuse forêt voisine de Marly, à laquelle Noisy-le-Roi semble bénéficier d'un accès idoine :


Nous nous recueillîmes dans un rade où de fiers lusitaniens poussaient ces cris bruts et beaux compris d'eux seuls, et c'est sous le coucher du soleil que nous quittâmes Noisy-le-Roi, l'âme en peine et enivrée par le chocolat chaud avalé.

Mais quelle ne fut pas notre joie quand nous découvrîmes que l'homme-cheval, malgré sa chute, restait honoré
par ses semblables jusqu'aux frontières de la ville!



Ce sont bien 5 équidés gendarmes qui s'établiront prochainement à Noisy-le-Roi. Et qui sait, peut-être vengeront-ils l'affront fait à un des leurs. Les voyous n'ont qu'à bien se tenir!

jeudi 3 mars 2011

Félicitations à l'AX !


Elle a franchi, certes le ventre vide comme vous pouvez le constater, son 100 000 ème kilomètre. C'était comme il se doit en Seine-et-Marne ! L'équipe lui adresse toutes ses félicitations !

vendredi 11 février 2011

Ille-et-Vilaine, acte 2. Quand cale l'AX sur la Côte d'Emeraude.

Nasty a mis un peu de temps, mais voici enfin la suite du week-end du 15 août, où l'Ille-et-Vilaine avait été tirée au sort parmi 103 destinations :

Donc, deuxième jour de notre week-end en AX, on fait nos Adieux a Maitre Georges et a Yannick qui saluent le depart de l'AX la larme a l'oeil, et c est parti pour la visite de la forêt de Brocéliande, ou forêt de Paimpont comme disent les pompiers.
Dans ce lieu magique, certains cherchent désespérément la fée Viviane (pour rappel elle est bonne antchouki), d'autres se font de nouveaux amis (Batal le bâton a été recruté ce jour la, il aura surtout servi a effrayer la population de Saint-Malal et a garder a distance Macedonian Gangsta mais ca reste un bon gars - lecteur tu peux lui écrire a batal.lebaton@gmail.com, fais lui des bisous de notre part).
Ah ouais, y avait aussi cet arbre doré protégé par des piques qui donnaient pas trop envie d aller le toucher.


L'arbre "CHELOU"

Déjeuner frugal une fois de plus (sandwichs, cookies et brownies au menu), dans l'AX (pour rappel, nous sommes en août et il fait un temps de merde, nous pique-niquons dans la voiture dans le bourg de Saint-Méen-le-Grand) puis direction Saint-Malal. On tente de s'incruster au mariage auquel étaient invites nos hôtes, bizarrement, ils ne sont pas chauds. De toute façon c'était dans les Côtes d'Armor... Je pense néanmoins qu'ils ont été ravis d accueillir pendant une nuit une bande de cinglés dont le vocabulaire après 24h passées tous ensembles était maintenant restreints a des mots qui ne peuvent être cites sur le blog de l'AX, à audience familiale.
On décide avec nos hôtes, de se rejoindre tard dans la nuit pour rentrer tranquillement (et réveiller tout le voisinage malouin).


Vue plutôt idoine depuis chez nos couchsurfers Ouzbeks

Crêperie a Saint-Malal, visite de la ville, les garçons retrouvent leur âme d'enfant en jouant a sauter dans les flaques pour éclabousser ceux qui se trouvent autour. Vinjo est particulièrement enthousiasme et fier d'ajouter "huhuhu ca pue le crabe !".
On trouve ensuite un bar a bières particulièrement idoine qui nous permettra de remplir notre mission : rentrer égayés. D'ailleurs, nous avons glissé l'adresse de l'AX sous quelques sous-bocks, l'histoire ne dit pas si elle a reçu de la visite. Nos hôtes, fins mélomanes, apprécient particulièrement la chanson du week-end.

Le lendemain, on mange des huitres sur le port de Cancale, on finit encore dans une crêperie, on tente de communiquer avec la population locale (surtout avec ceux qui ont un chien), et on va voir la mer, une dernière fois.


L'AX goûte à l'immensité...


... et aux huitres de Cancale


Après la baie du Mont-Saint-Michel, le retour c'est une autre paire de Manche !

Nasty Salmon (et dernier jeu de mots by Vinjo)

Chevilly-Larue : une ville sous haute tension

dimanche 6 février 2011

Adieu Saint-Cyr et sa lumière poétique !

La Botte, Vinjo, un panneau...

L'AX chope de la cougard

A la ferme des Tourelles,
rencontre avec trois vieilles filles...

...même une rouge.
Elles ont flashé sur le gris métallisé.

Faut dire que l'AX peut encore
grimper des pentes raides.
Ca en jette ! 

De l'effet frontière en Île de France : Saint-Cyr-sous-Dourdan, entre rupture sociale et continuité historique

A l'observateur perspicace de la Petite France, il n'aura pas échappé que bien souvent les limites entre deux départements peuvent sembler illusoires, artificielles, comme tracées par la main d'un fonctionnaire étourdi voire, au mieux, désintéressé. Pour autant, le trait discontinu qui sépare sur les cartes administratives les Yvelines de l'Essonne ne nous a jamais semblé aussi matériel que lors de cette visite à Saint-Cyr-sous-Dourdan.

Mais tout d'abord, prenons le temps de découvrir ensemble cette commune de 1002 habitants. Depuis Bourg-la-Reine, suivons le cours de l'Aquitaine, la route nationale 20. Avant Arpajon, empruntons la D27, petite route de charmante qui serpente le long de la rousse Rémarde. Le voyageur prendra alors le temps d'admirer les paysages mirifiques de l'Hurepoix en traversant les Grands Bois du Marais ou les brouillards du Val-Saint-Germain.

Le château du Marais sur la D27

Après ce plaisant voyage, nous entrons dans notre commune du jour, Saint-Cyr-sous-Dourdan. Délicieuse ambiance médiévale. Des fermes fortifiées, comme celle des Tourelles, le vieux château classé de Bandeville, mais surtout, l'église Saint-Cyr-et-Sainte-Juliette.

La ferme des Tourelles

L'église classée de Saint-Cyr-Sous-Dourdan

A Saint-Cyr, il n'est pas rare que les quinquagénaires soient pris d'une douce mélancolie. Des images, mirages subliminaux, persistent sur leur rétine. Un poney qui galope follement, un gai bambin de 6 ans qui louche en bavant, une école dépoussiérée qui sent bon l'encre et le buvard... Et oui, Saint-Cyr est le lieu du tournage du fameux feuilleton des années 1960, diffusé sur l'ORTF, Polly et le mystère du château.


Décidément, les voies de l'AX semblent impénétrables. Après le petit village de Boutigny, en Seine-et-Marne, où un parcours est dédiée aux amateurs de cycles crottés, Saint-Cyr témoigne à nouveau de l'art de vivre à la francilienne, où BMX et grande musique trouvent un terrain d'entente :



Et donc à Saint-Cyr, enfin juste à côté, serpente la frontière entre les Yvelines et l'Essonne. Cette limite imaginée se matérialise dans les deux-fois quatre voies de l'autoroute A10. Deux mondes s'y toisent sans jamais se mélanger. La bourgeoisie laborieuse des Yvelines jette un regard condescendant sur le prolétariat des assistés de l'Essonne. Si parfois elle consent à traverser l'Aquitaine, c'est pour se rendre à Saint-Cyr, ou dans une quelconque autre poche de résistance des friqués dans la vallée de la Rémarde. Saint-Cyr est donc une ville d'histoire, qui s'inscrit dans la continuité de celle de l'Hurepoix (pour rappel, ce nom signifie peut-être "la contrée des gens aux poils hérissés") essonnienne, des grandes heures du biclou et des feuilletons de l'ORTF. Elle s'inscrit pourtant aujourd'hui comme un avant-poste des Yvelines, peuplé de cadres sup adeptes du retour à la terre en restant à moins de 25 minutes de Paris. Saint-Cyr, entre une colonie yvelinoise et un terroir essonnien.

samedi 5 février 2011

De Boutigny à la Venise briarde

Comme chacun le sait, la Seine-et-Marne est l'un des fleurons de la République Française. Bien qu'intégrés de force à cette Île-de-France pour laquelle ils n'ont que mépris et qui ne leur a apporté qu'un colonialisme incarné par, en vrac, le TGV, Disney, la merdique ville nouvelle de Marne-la-Vallée, les cités dortoirs, l'alphabétisation et l'eau courante, les Briards ont su garder toute leur authenticité.
C'est peut-être d'ailleurs pour cela qu'ils continuent à résister tant bien que mal aux velléités d'imposition d'un hygiénisme qui s'accorde mal aux moeurs fromagères, ce qui explique que ce département soit la lanterne rouge de l'Île-de-France pour l'espérance de vie, comme on peut le lire sur le blog de Claye-Souilly. Évidemment, par "lanterne rouge", il ne faut pas entendre "élite éclairée du prolétariat en lutte pour des lendemains qui chantent via l'appropriation collective des moyens de production".

C'est donc cette authenticité qu'allaient explorer, une fois de plus, l'AX et ses aventuriers, chevaliers des temps modernes, qui n'hésitent pas à braver tous les dangers pour enfin faire connaître à la civilisation les coins les plus reculés des contrées les plus barbares. En l'occurrence, Excel a sélectionné Boutigny. Attention, il ne faut pas confondre la merveilleuse Boutigny (77) avec l'infâme Boutigny-en-Essonne qui a été ainsi rebaptisée précisément pour ne pas la confondre avec la précédente et dont le site internet a vraisemblablement été réalisé par un daltonien neurasthénique.


Il veut certainement parler de Boutigny, dans l'Essonne

Boutigny est réputée, parmi les peuplades qui côtoient parfois les Boutignaciens et plus rarement parmi les trafiquants d'armes Ouzbeks, pour son golf. Tout un programme. C'est donc vers cette destination improbable que se sont dirigés nos héros par une belle journée d'automne. Ils avaient pris soin de s'accompagner d'un autochtone briardophone (votre serviteur) susceptible d'amadouer les indigènes qui peuvent parfois se montrer agressifs envers les étrangers et pour lesquels "étrangers" recouvre globalement tous ceux qui vivent au-delà de Crécy-la-Chapelle, Rozay-en-Brie, Lizy-sur-Ourcq ou La Ferté-Gaucher.

Notre périple débuta par une aimable rencontre avec la Douane volante qui apprécia particulièrement de découvrir dans l'AX des canettes de bière vides, un drapeau albanais et une épée en plastique (contrefaçon chinoise mais les douaniers n'y ont vu que du feu). Après une fouille au corps sommaire, nous pûmes repartir sur les belles routes seine-et-marnaises.

La visite de Boutigny se déroula sans heurts. Les habitants étaient largement calfeutrés chez eux, probablement à cause du Mildiou, de l'épidémie de choléra et des superstitions locales qui interdisent de sortir de son domicile le week-end sous peine de se faire enlever par des elfes satanistes alliés aux extra-terrestres (on l'ignore trop souvent, la Seine-et-Marne accueille une forte communauté de Témoins de Jéhovah).
Boutigny semble être parvenue, depuis le XVIIIème siècle, à éviter le développement démographique, de même que le développement économique, ce qui lui permet de garder aujourd'hui encore un charme médiéval malgré ses 842 habitants.
Nous prîmes de petits chemins qui nous menèrent de part et d'autre du village jusqu'à un lieu étrange où les jeunes Boutignaciens viennent profiter pleinement de leurs plus belles années : le terrain de vélocross.



Assez rapidement, nous repartîmes afin de visiter la belle ville qu'on appelle (lorsqu'on y habite, et encore, probablement pas tout le monde) la Venise briarde : Crécy-la-Chapelle. Le rapprochement avec Venise est, disons-le tout net, pour le moins audacieux. Certes, le Grand Morin traverse la ville en se divisant en plusieurs segments. Certes, on y trouve en conséquence de nombreux ponts. Mais la comparaison s'arrête là. Si le Morin se prête à la navigabilité d'embarcations très légères (barques à rames, kayaks,...), on n'y voit guère de gondoles et les Créçois, lorsqu'ils se déplacent, ce qu'ils évitent le plus possible, préfèrent éviter les voies d'eau.
Notons tout de même la présence remarquable à Crécy-la-Chapelle d'un bar où l'on peut trouver de la bière et d'un restaurant chinois où l'on trouve des plats chinois.

Après un débat houleux (une partie de nos héros voulait retourner derechef vers la civilisation), l'AX a finalement pris la route de Saint-Rémy-de-la-Vanne pour profiter de l'hospitalité locale et déguster quelques breuvages industriels à base de houblon devant un bon feu de bois avant de rentrer sur la capitale.

A noter que ce voyage n'aurait pas eu autant de sel s'il ne s'était pas déroulé en période de pénurie de carburant en raison de la révolte de la populace contre les justes mesures du gouvernement visant à le faire travailler plus vieux pour mourir plus jeune.

mercredi 2 février 2011

Les vacances de l'AX - Dernier acte : Interminable ligne droite

Le Nord du Loir-et-Cher n'était qu'un simple avertissement.
Par respect pour nos lecteurs, nous avons choisi de condenser le récit de cette fin de ligne droite qui nous a fait découvrir un bout du Loiret, de l'Eure-et-Loir, de l'Essonne et des Hauts-de-Seine (de nuit pour ces deux derniers départements dont la découverte est de toute façon assurée par le projet IDFAX).

Disons que les photos vont parler d'elles-mêmes :


Village typiquement euh... beauceron




A Gommerville, Eure-et-Loir, Paris (2 211 000 habitants) est fléché au même titre que Pussay (1 847 habitants). On appelle cela la République.

Je crois que nous arrivons mon vieux Milou...


Bilan de cette fin de parcours :
- eh bé putain que c'est moche
- Aucun souvenir ramené faute de commerce ouvert et/ou de spécialité crédible
- Villes et villages traversés :
Charsonville, Epieds-en-Beauce, Tournoisis, Patay et Rouvray-Sainte-Croix pour le Loiret
Terminiers, Loigny-la-Bataille, Tillay-le-Péneux, Allaines-Mervilliers, Trancrainville, Neuvy-en-Beauce, Mérouville et Gommerville pour l'Eure-et-Loir
Congerville-Thionville, Mérobert, Plessis-St-Benoist, Richarville, Les Granges le Roi, Le Val Saint Germain, Vaugrigneuse, Briis-sous-Forges, Janvry, Les Ulis et Massy pour l'Essonne
Antony et Bourg-la-Reine pour les Hauts-de-Seine

Un grand merci à BL, BL et NA pour le bon petit repas à Bourg-la-Reine.
A bientôt pour du tourisme aléatoire en Ile-de-France, l'AX a désormais repris le chemin du bureau !

mardi 1 février 2011

Les vacances de l'AX - Acte 6 : Loir-et-Cher et schizophrénie

Le psy de Bois d'Ar m'a dit que j'étais schizophrénique... Oui car voilà, j'ai traversé le Loir-et-Cher.
Pourtant au début tout allait bien. Nous avons bien été accueilli par Laurent Benoist, puisque visiblement il n'était pas en train de mettre à jour son blog (ah pardon en fait il a un site Internet très complet ici). Le domaine du vieil orme, qui intègrera prochainement et si Dieu veut l'AOC Touraine-Chenonceaux, accueille sans chichis un visiteur, même solitaire, barbu et en AX.
En voilà de bons souvenirs du Loir-et-Cher : vin blanc, rouge ou rosé, avec ou sans bulles, à prix plutôt doux. Ce département s'annonçait sous les meilleurs auspices.


L'AX fait le plein de souvenirs au Domaine du Vieil Orme

La traversée du Loir-et-Cher nous a aussi offert la plus grande ville de la ligne droite : Blois, ses bords de Loire bucoliques, et ses 50 000 Blésois. Il y a bien longtemps que l'AX n'avait pas croisé pareille foule !

L'AX se repose sur les bords de Loire

Après Blois, tout se dégrade plutôt vite. On croise l'autoroute A10 (tiens on l'avait oubliée celle la), on la longe un peu même, ce qui ne présage rien de bon. Puis soudain... mais où sont passés les arbres ? Où sont passées les collines ? Pourquoi cette architecture grisâtre ?
Ça s'appelle la Beauce nous dit-on, et il va falloir s'y habituer car c'est grand. Tiens, y a plus d'essence... On va voir si le carburant de ce côté ci de la Loire est cher.


Comme un air de Seine-et-Marne


Bilan du Loir-et-Cher :
- Une lente dégradation paysagère et patrimoniale
- Souvenirs ramenés : vin rouge, vin blanc, Crémant rosé
- Villes et villages traversés : Saint-Julien-de-Chédon, Faverolles-sur-Cher, Montrichard, Pontlevoy, Sambin, Monthou-sur-Bièvre, Les Montils, Chailles, Blois, La Chaussée Saint Victor, Villerbon, Mulsans, La Chapelle-Saint-Martin, Villexanton, Talcy, Concriers, Lorges, Villermain, Ouzouër-le-Marché
- 1 radar franchi avec brio dans une ligne droite de la Beauce, bravo à l'AX pour son civisme
- Traversée du Cher, de la Loire et de l'A10

lundi 31 janvier 2011

Les vacances de l'AX - Acte 5 : Aimable Touraine

J'aurais aimé vous conter à quel point l'Indre-et-Loire fut un supplice à traverser. A quel point on sent bien qu'on approche de Paris et que l'on s'éloigne de la Gironde, et que franchement ça devient indécent la laideur du paysage sous de telles latitudes.
Bon, patientez un peu, ce genre de discours arrivera bientôt. Mais je dois avouer que cela ne concerne pas l'Indre-et-Loire, ou la Touraine pour qui n'aime pas les appellations républicaines manquant cruellement de poésie.
Dès les premiers tours de roue, le pare-brise de l'AX subit quelques timides rayons de soleil, une sensation inconnue depuis la Route de la Corniche (cf. Acte 1 de l'épopée).
Le premier village tourangeau se profile, légèrement perché au-dessus de la vallée de la Creuse : Chambon. Le suivant, Chaumussay, est encore plus charmant. La laideur graphique du site Internet consacré à cette commune ne rend d'ailleurs pas hommage à la beauté de ce petit coin de France éternelle, que l'on gardera en mémoire comme étant un des plus beaux endroits de la ligne droite. Après Chaumussay, pour quitter la vallée de la Claise, autre superlatif : la côté la plus pentue gravie par l'AX, oui pire encore que le Col des Sarrazins quelques kilomètres plus tôt.


Loches, jolie petite ville qui mériterait presque d'être en Aquitaine.


Loches, 6 000 habitants, un statut de sous-préfecture et une vieille cité médiévale perchée. Largement de quoi mériter un arrêt prolongé, agréable. Les commerçants lochois sont de plus sympathiques et semblent plutôt contents qu'un estranger s'intéresse aux rillons de Touraine, ainsi qu'à leur fromage de chèvre.
Et puis à Loches, c'est l'opticien qui l'affirme : la 2ème paire est gratuite !

Après Loches, la Touraine continue à nous égrener ses clichés de douce France : vignobles, forêts, petits vallons, habitat troglodytique, et un joli petit château.

Il ne manque plus que Germaine.

Bilan de l'Indre-et-Loire :
- Souvenirs ramenés : des rillons de Touraine, du fromage de chèvre du Petit-Pressigny (village de la ligne droite), du vin rouge.
- Villes et villages traversés : Chambon, Chaumussay, Le Petit-Pressigny, La Celle-Guénand, Betz-le-Château, Saint-Senoch, Loches, Genillé, Le Liège
- Principal franchissement : l'Indre

jeudi 27 janvier 2011

Les vacances de l'AX - Acte 4 : Vienni, Vidi, Vici

La ligne droite de nuit perdant de son sens, il est temps de penser à trouver une auberge pour se reposer. De plus le seuil du Poitou menace selon divers médias de faire des siennes en glissant une pellicule de verglas sous les roues de l'AX. Quant à la pluie qui tombe depuis que nous avons quitté la Charente, elle s'épaissit au fil des kilomètres, oui vraiment il faut s'arrêter.
Seul hic : bien peu d'hôtel poitevins semblent s'être stratégiquement établis sur la ligne droite entre Bordeaux et Paris. Triste époque où on n'aime pas les choses simples.
Civray : rien.
Gençay : rien.
Quand soudain, au détour d'une ligne droite, apparaît ceci :

Chauvigny, oasis au milieu du désert poitevin

Las Vegas ? Presque. Chauvigny, 6 000 habitants, un château médiéval, et une dizaine d'hôtels. Y en a même un qui est ouvert, ça tombe bien. Nous voici au Chalet Fleuri, qui ferait bien de revoir sa phrase d'accroche "Au coeur de la cité médiévale" tant cet hôtel pourrait difficilement être plus périphérique. C'est un peu comme réserver au Formule 1 du Blanc-Mesnil si on cherche un hôtel près de Notre-Dame. Nous pardonnons néanmoins ce mensonge, car cet hôtel permet de cesser de rouler de nuit, pratique totalement contraire à l'éthique de la ligne droite.
Allez, et puis tout de même. Le Chalet Fleuri c'est une bâtisse qui n'est pas un chalet et n'est pas spécialement fleurie, mais en tout cas c'est bien confortable et on ne paye que 40€ la nuit. En plus, si vous y dormez un 1er janvier au soir après avoir découvert que tous les restaurants, pizzerias, kebabs et autres snacks de la ville étaient fermés, on vous active la cuisine exprès pour vous préparer d'excellentes Torti au beurre avec du jambon blanc et une salade. Il vous en coûtera 10€.


On ne peut pas dire qu'il n'y a pas un chat à Chauvigny un jour férié

Le lendemain matin au réveil, bonne surprise : le jour se lève aussi de ce côté ci du seuil du Poitou. Cela nous donne le loisir de découvrir Chauvigny de jour, avant de reprendre la route. Au vu des superbissimes panoramas, on regrette vraiment d'avoir du rouler de nuit. Jugez plutôt :


Dans le Poitou, la ligne droite nous offre néanmoins, outre une étude approfondie du phénomène du brouillard, différents loisirs :
- des chasseurs
- une abbaye cistercienne
- un café ouvert à Pleumartin

Pleumartin devenant dangereusement proche du département suivant, il est temps de penser à ramener un souvenir de la Vienne.
Moi, au gérant du PMU : Excusez-moi, quelle est la spécialité de la Vienne ?
Lui, perplexe : une spécialité ? Bah allez en Vendée, la bas ils ont de la brioche...
Un client : ah oui nous dans la Vienne on n'a rien
Un autre : y a pas le tourteau fromager ?
Le gérant : ah non j'crois pas

Viennois et Viennoises, arrêtez moi tout de suite ce chauvinisme exacerbé, c'est gênant !

Heureusement pour nous, juste avant de franchir la limite départementale, dans cette pharmacie à ciel ouvert qu'est La Roche Posay, on trouve un Super U. Et dans le Super U, on trouve quelques spécialités de la Vienne : fromage de chèvre bio et terrine de canard poitevine.

Une fois franchi le terrible Col des Sarrazins, que nous ne sommes d'ailleurs pas les premiers amateurs de ligne droite à franchir, regardez donc ici, nous pouvons redescendre vers la vallée de la Creuse et filer en Touraine.

Vienni, vidi, vici.


Les hautes cimes du Poitou


Bilan viennois :

- un département sans spécialité ?
- Souvenirs raménes : terrine de canard, fromage de chèvre
- Villes et villages traversés : Lizant, Civray, Sommières-du-Clain, La Ferrière-Airoux, Gençay, Saint-Maurice-la-Clouère, Vernon, Fleuré, Tercé, Pouillé, Chauvigny, Pleumartin, La Roche Posay
- Principaux franchissements : la fin du seuil du Poitou, la Charente pour la 5ème fois, la Vienne et la Creuse

mardi 25 janvier 2011

Les vacances de l'AX - Acte 3 : Charente dans le vif du sujet

Passé Chevanceaux, nous voici désormais en Charente-non-Maritime, et ce pour un petit bout de temps vu l'orientation Sud-Nord de ce département.
Première ville (et dernière avant un petit bout de temps de cette taille) du parcours : Barbezieux et ses 5 000 barbeziliens. La marge de tolérance eut accepté que nous prenions la rocade, néanmoins la traversée du centre ville est plus règlementaire. De plus il est près de 14h, et Barbezieux constitue la dernière chance de se restaurer. Une boulangerie ouverte ne fait pas de sandwiches, mais nous oriente vers Chez Fatima, qui paraît-il est tout le temps ouverte. "La seule fois qu'elle a fermé c'est parce qu'elle allait à la communion de son petit-fils", me dit la boulangère barbezilienne (aucun lien avec Didier). En effet. Pas de communion en ce 1er janvier, donc Fatima a ouvert sa boutique. Il y a même des clients. En revanche Fatima ne prépare pas de sandwiches, il faut se contenter de cette infâme marque triangulaire. "Bah quoi c'est mangeable non ?" me fait Fatima en voyant ma moue. C'est ce qu'on va voir... Fatima vend également du vin de pays des Charentes, plus précisément de Guimps soit précisément à 7km de la ligne droite. J'achète.
Merci Fatima d'avoir un tel sens du commerce pour ouvrir un 1er janvier. La ligne droite peut continuer.


Chez Fatima, c'est pas bon mais au moins c'est ouvert.


Après Barbezieux, des travaux sur la RN10 nous empêchent de suivre la ligne droite. Nous sommes obligés de faire un crochet pour rallier Châteauneuf-sur-Charente. Le paysage est désormais viticole, Cognac n'est pas loin.


L'AX musarde dans les vignobles cognaçais

Châteauneuf-sur-Charente, Hiersac, Asnières non pas sur Seine mais sur Nouère, Marsac, Montignac-Charente... Les villages se suivent, ne se ressemblent pas, et sont dans l'ensemble jolis malgré une météo toujours lugubre.

Petit évènement entre Saint-Amant-de-Boixe et Mansle : nous passons au-dessus de la ligne TGV. Celle-ci était jusqu'à présent trop à l'Est pour aller chercher Angoulême, la voici désormais trop à l'Ouest pour desservir Poitiers.


Contrairement aux apparences, le TGV ne va pas en ligne droite.

Après Mansle, la ligne droite nous autorise à prendre 10 kilomètres de 4 voies vers le Nord, jusqu'au lieu-dit Les Nègres, qui aura le prix du carrefour le plus dangereux du parcours. Vu sa configuration on n'est pas loin d'imaginer qu'il fait partie d'un plan machiavélique pour mettre en oeuvre discrétos un génocide charentais.

Si on survit au Carrefour des Nègres, on peut alors arriver à Verteuil-sur-Charente et à son "Beer Garden". Par un temps plus clément on se jetterait bien une petite binouze au bord de la Charente, dans ce fort joli village aux ruelles pentues. Mais mais, qu'est-ce qu'il caille !!
Nous venons en fait sans nous en apercevoir d'attaquer une frontière bien plus structurante que ne peut l'être un check-point de la Bande de Gaza : nous commençons à escalader le terrifiant seuil du Poitou. Voici une capture d'écran des températures maximales du jour (merci à Météociel et éloignez les enfants) :


Bon on ne voit rien, mais on a perdu 7° entre Etauliers et Verteuil-sur-Charente

Ce très méchant seuil du Poitou est une limite géologique, hydrologique, et à l'occasion également climatique. Vous trouverez plein d'informations sur ce salopard ici.

Pour qui parvient à faire abstraction de ce désagrément, le Nord de la Charente a tout d'une terre de bien-vivre, avec ses aimables collines, ses hameaux nichés, sa verdure rassurante, et ses Anglais qui rachètent tout.
Wikipedia nous apprend que nous ne sommes pas les premiers amateurs de ligne droite à visiter Verteuil-sur-Charente :

« À plusieurs époques d'illustres personnages reçurent l'hospitalité à Verteuil : le roi François Ier ayant autorisé l'empereur Charles Quint à traverser la France, ce dernier s'arrêta au château de Verteuil, où il fut l'hôte d'Anne de Polignac, veuve du comte François II; il fut extrêmement satisfait de la réception qui lui avait été faite. En 1616, à son retour de Bordeaux, le roi Louis XIII logea également au château de Verteuil, avec les reines Anne d'Autriche, sa femme et Marie de Médicis, sa mère. »

Ce 1er janvier, nous n'avons pas croisé Alain Juppé en train de prospecter pour un gîte d'étape.

La dernière commune charentaise traversée avant de passer dans la Vienne ne sera pas la plus désagréable : Bioussac, 230 habitants, et une distinction régionale pour la qualité de ses sols. Egalement un bar ouvert avec un feu de cheminée (rappelons que plus nous avançons, plus le Seuil du Poitou se montre agressif), des ressortissants britanniques qui jouent aux cartes, et du Pineau des Charentes à vendre.
"- Il vient d'où votre Pineau ?
- Des Charentes"
C'est qu'on sait bien renseigner le visiteur à Bioussac ! Le deuxième souvenir charentais est en poche.
Dans le bar de Bioussac, on sait que le Pineau des Charentes vient des Charentes, mais en revanche on est un peu schizophrène quand il s'agit de choisir une équipe de foot à soutenir.
A ma gauche : une bannière flambant neuve de l'OM.
A ma droite : une vieille écharpe Marine et Blanc proclamant "Bordeaux, à jamais à tes côtés". Cette écharpe constituera la dernière trace de clairvoyance du périple.
Et Nicolas Wisser, le bourgmestre de Bioussac, qui supporte-t-il ? Nous n'avons malheureusement pas eu l'opportunité de discuter avec ce maraîcher biologique, acteur à ses heures perdues.
Pour ne pas souiller les carottes de Nicolas, l'AX s'en va cracher son Sans Plomb 95 ailleurs. Ad Vienne que pourra.


A Bioussac, la coutume est de lécher le sol lorsque l'on est malade.



Bilan charentais :
- "C'est pas si moche en fait". C'est même joli.
- Souvenirs ramenés : une bouteille de vin blanc de Guimps, une bouteille de Pineau des Charentes des Charentes
- Villes et villages traversés : Barbezieux-Saint-Hilaire, Châteauneuf-sur-Charente, Hiersac, Asnières-sur-Nouère, Marsac, Montignac-Charente, Saint-Amant-de-Boixe, Mansle, Verteuil-sur-Charente, Bioussac.
- Principaux franchissements : la Charente à quatre reprises, le début du seuil du Poitou.