
Par contre, l’usage furtif de ses facultés mentales permet aisément à l’observateur lambda de remarquer qu’au rayon expression orale en langue française, le pavillon joselitos est au plus bas ! Mais rendons grâce à José qui est travailleur Erasmus depuis 1969, ce qui, de facto, justifie son jmenfoutisme éthylique et sa tendance lourde à procrastiner sec niveau langues étrangères. Piper le traitre mot à ce qu’il raconte est une gageure innommable. Ça bachhhkkouuule sévère et il faut s’accrocher aux murs pour le suivre dans ses plaidoiries pro-PSG et FC porto. Au point de mettre dans l’embarras ses camarades de bar, portugais également, lui faisant face : un couple à la retraite qui n’a eu de cesse de nous répéter comme pour mieux excuser ses impiétés langagières que José est un brave homme, ce dont on n’a pas douté une seconde.
« Bonne rrrrrouuuute » nous scande, en partant avec son mari, la bonne femme accompagnant José. Désormais seuls avec José côte à côte. De quoi s’apercevoir que l’homme est une star parmi les stars, si l’on en juge par la force centrifuge qu’il sait exercer auprès de ses congénères massés autour du bar qui n’ont d’yeux que pour lui. En bon mythe qui se respecte, Jose a construit à pas de géant sa légende dorée ferto-gauchère. La serveuse nous avait mis sur la voie mystérieuse d’un double 69. Rien à voir avec les mœurs sexuelles de José.
Non, c’est en toute simplicité l’histoire de sa vie. 69 est l’année d’arrivée en France de José… mais également son âge actuel ; ce qui déclenche au moment de la chute l’hilarité générale ! Il nous est d’avis qu’un leitmotiv coutumier veuille que tout étranger ait droit à ce pan d’histoire locale par le petit bout de la lorgnette… avec à chaque fois les mêmes effets sonores en dolby surround qualité full HD.
En ce qui concerne le bar, il est décoré sur chaque pan de mur d’un grand drapeau 2m x 1,5m de la France, du Portugal et de l’Algérie. Et au fur et à mesure que notre gruppetto suit tant bien que mal le rythme d’enfer de Jose Azevedo le grimpeur à pois, dans son escalade des cymes du mont Rosé ; on est de plus en plus confondu par le melting-pot local.

Un politique en mal de publicité ne trouverait pas de meilleur spot pour flamber devant les caméras et mettre en avant « l’extraordinaire diversité et richesse culturelle de la France s’unissant harmonieusement ». Sur ce beau tableau allégorique, notre José à nous serait au centre, entouré de ses camarades fermiers Robert et Michel, avec à l’arrière plan Nordine le barman, les jeunes mères de famille avec bébés reubeus et babtous chamailleurs, les RSAistes de tout âge, les jeunes désœuvrés, les « bogoss » (à complet chaine en plastok-chevalière achetés au Cora du coin), et les tenants du casquette-survette Sergio Tacchini (Le DVD de la Haine, il est temps de le rendre à ton cousin de Savigny-le Temple).
Toujours est-il qu’un certain Ernest disait au XIXeme que « la Nation, si elle suppose un passé… ne se conçoit pas sans le désir clairement exprimé de continuer la vie commune »… « la combinaison d’un héritage commun et d’une espérance partagée ». Au crépuscule de cette journée, il me semble que nous avons, à l’insu de notre plein gré, saisi l’essence -s’il en y a une- du concept d’identité nationale.
Un récit en 2 actes de Macedonian Gangsta.